Ce que je vais te raconter aujourd’hui, je ne l’ai jamais dit aussi clairement.
Peut-être parce qu’on ne m’a jamais vraiment laissé la place.
Peut-être aussi parce que j’avais honte.
Honte de ne pas avoir vécu cette fameuse "magie de la maternité".
Honte de ne pas avoir ressenti cet amour fou instantané pour mon bébé.
Et pourtant, j’ai besoin de le dire. Pour moi. Et pour toutes celles qui traversent cette tempête en silence.
L’accouchement rêvé… brisé en mille morceaux
On ne m’avait pas prévenue.
Je pensais vivre un accouchement "comme à la télé", comme dans les émissions douces-amères type Baby Boom.
Mais j’ai fait une hémorragie sévère à la délivrance. J’ai été transférée en réanimation pendant trois jours, transfusions, soins intensifs... complètement isolée et "paumée".
Et mon fils ? Je ne l’ai même pas vu venir au monde.
Quand je suis remontée dans ma chambre, le 4ème jour après sa naissance… il était là. Mon bébé.
Mais il y avait un problème : je ne ressentais rien.
Pas de vague d’amour. Pas de coup de foudre maternel. Juste un vide effrayant.
Et une voix dans ma tête qui murmurait : “Tu es une mauvaise mère.”
Maternité : 8 jours de peur, 8 nuits de solitude
Nous sommes restés huit jours à la maternité.
Huit jours pendant lesquels je me suis sentie… spectatrice.
Je regardais ce bébé sans le reconnaître. J’étais pétrifiée. Peur de mal faire. Peur de lui faire mal.
Et autour de moi, des regards. Des jugements. Des "tu devrais", des "fais comme ci".
J’étais déjà en train de sombrer.
Mais personne ne le voyait.
Le retour à la maison : l’illusion d’un cocon
Le papa de mon fils n’a pas pu prendre son congé paternité.
Je me suis donc retrouvée seule.
Seule avec un bébé qui hurlait 24h/24, qui ne prenait pas ses biberons, qui rejetait tout.
Je passais mes journées à le bercer, à pleurer, à essayer de survivre.
J’étais une boule d’épuisement, de détresse et de culpabilité.
Et tout autour de moi, on murmurait : “Si ton bébé va mal, c’est parce que TOI tu vas mal.”
Je m’écroulais. Lentement. Profondément.
Le jour où j’ai dit : STOP
Presque six semaines après la naissance, j’ai eu la force de faire un acte de survie : j’ai appelé la puéricultrice.
Et j’ai demandé à être hospitalisée dans une unité mère-enfant.
Ce jour-là, j’ai dit non à la honte.
Ce jour-là, j’ai choisi de me sauver.
Oui, le papa de mon fils m’en a voulu. Il ne comprenait pas et c'est légitime.
Mais moi, je savais : c’était ma seule chance de m’en sortir.
Le début de la lumière
En unité mère-enfant, j’ai été accompagnée. Soutenue. Écoutée.
Et surtout : on a découvert que mon fils souffrait d’un reflux gastro-œsophagien sévère.
Ce n’était pas de ma faute.
Il avait mal. Il souffrait. Et moi aussi.
J’ai pu souffler. J’ai pu pleurer. J’ai pu dormir.
Et surtout… j’ai pu commencer à aimer mon fils. Vraiment.
Petit à petit. Pas comme dans les films. Mais comme dans la vraie vie.
Si je te partage tout ça aujourd’hui…
Ce n’est pas pour faire peur.
C’est pour mettre de la lumière sur une réalité taboue :
👉 Une naissance, ce n’est pas toujours magique.
👉 La dépression du postpartum existe. Elle est violente, sournoise, silencieuse.
👉 Et surtout : elle n’est PAS une honte.
Je m’adresse à toi, maman qui me lis :
💌 Tu as le droit d’avoir du mal.
💌 Tu as le droit de ne pas ressentir tout de suite.
💌 Tu as le droit d’avoir besoin d’aide.
Et je m’adresse aussi à toi, entourage d’une jeune maman :
S’il te plaît, arrête avec les conseils non sollicités.
Ne l’enferme pas dans des "tu devrais".
Offre-lui ta présence, ton soutien, ton écoute.
Et si tu ne sais pas quoi dire, dis juste : “Je suis là.”
Aujourd’hui, je me tiens debout
Et j’embrasse la femme, la mère, la survivante que je suis devenue.
Ce que j’ai vécu ne me définit pas, mais ça m’a transformée.
Alors si mon témoignage peut aider, soutenir, réveiller une prise de conscience…
Alors il aura eu un sens.
Tu veux m’aider à briser ce tabou ?
Partage cet article à une maman, une amie, une sœur qui traverse l’ombre.
Et si toi aussi tu as vécu une tempête, viens m’en parler. Ici, on se juge pas. On se tient la main.
Avec tout mon cœur de maman et de femme,
Stéphanie
Je n'ai pas aimé mon bébé à la naissance